LE PLAN DE SÉCURITÉ INCENDIE : QU’EN PENSENT LES RÉSIDENTS ?

L

orsque l’on parle de la certification, l’un des éléments clefs est bien sûr le plan de sécurité incendie. En premier lieu, on pense spontanément à l’infrastructure constituée par les gicleurs, portes coupe feu etc. Selon le Guide pratique sur la prévention des incendies et l’évacuation des résidences hébergeant des personnes âgées (1), les résidents sont alors évalués selon les critères suivants :

  1. La détection de l’incendie et le déclenchement de l’alarme
  2. La compréhension et la décision d’entreprendre l’évacuation
  3. Le déplacement
  4. Le relogement

Et à ce sujet, vous connaissez, bien sûr, la cote fondée sur les couleurs (1), soit :

  • Vert : La personne peut se déplacer sans aide en lieu sûr
  • Jaune : La personne peut, avec de l’aide, se rendre en lieu sûr
  • Rouge : la personne a besoin de mesures spéciales pour être transportée en lieu sûr.

On comprend évidemment toute l’importance que revêt ce code pour les pompiers lors d’un incendie, car il est le résultat d’une étude minutieuse réalisée préalablement par les gestionnaires auprès des résidents de la RPA. Mais le guide nous apprend aussi que :

Les buts visés sont de responsabiliser le résident et de connaître sa perception quant à sa capacité à accomplir certaines activités associées à l’évacuation (1) (p.8)

Et un peu plus loin :

La participation des résidents de même que la validité des renseignements contenus dans le questionnaire sont fonction de leur sensibilisation relativement à la sécurité incendie. En conséquence, l’exploitant d’un immeuble doit les sensibiliser à leurs responsabilités en la matière.

Les résidents auraient donc eux-aussi des responsabilités en cas d’incendie. Un autre texte consulté nous aide à mieux comprendre la problématique :

On ne soulignera jamais assez que le succès de consignes d’évacuation dépend de la connaissance qu’en ont les occupants de l’immeuble. Trop souvent, les mesures d’urgence imposent des itinéraires qui ne sont pas communément utilisés empruntant, par exemple, des issues de secours spéciales. Trop souvent, si les occupants n’ont jamais utilisé des issues, ils ne penseront pas à les utiliser en cas d’urgence. Certains peuvent aussi refuser en cas d’urgence d’utiliser un parcours inconnu craignant qu’il ne les mène pas en sécurité. Les exercices sont une excellente occasion de familiariser les occupants avec les itinéraires d’évacuation. Idéalement, les consignes en cas d’incendie devraient prévoir des parcours couramment utilisés par les occupants. (2) (p.4)

Ces quelques citations montrent qu’il ne s’agit pas uniquement d’installer des gicleurs ou des portes coupe-feu pour permettre aux résidents de sortir indemnes d’un incendie. Il faut aussi les « mettre au parfum »...

Prenons le cas des exercices d’incendies. En plus de permettre d’évaluer l’efficacité du plan de sécurité,

Ces exercices procurent aux résidents un sentiment de sécurité, puisque ces derniers sauront mieux quoi faire en cas d’incendie, ce qui aide à amoindrir le sentiment de panique (1) (p. 51)

On parle même de créer un comité de sécurité incendie…

Le guide mentionne certains problèmes qui peuvent survenir si les résidents ne sont pas suffisamment avertis. Par exemple, au niveau de la compréhension et de la décision d’entreprendre l’évacuation, encore faut-il faire en sorte que les résidents aient d’avance une idée du signal qui annonce un incendie (et dans ce cas, il faut éviter les fausses alarmes à répétition), qu’ils aient participé à des exercices de feu, qu’ils se rappellent les consignes et qu’ils ne paniquent pas. (1) (p.13-14).

Évidemment la communication avec des personnes en perte d’autonomie n’est pas toujours évidente. Il est par exemple question de jumelage entre résidents (pp. 58-59), mais, encore faut-il dans ce cas que les personnes jumelées s’entendent bien ensemble et que celle qui aide l’autre possède les informations nécessaires sur les besoins de l’autre… De plus, on parle d’un plan de communication pour aviser les proches et des communications à établir avec d’autres RPA s’il fallait relocaliser certains résidents…

Comme vous le voyez, la question est trop complexe pour en débattre en quelques lignes. Nous vous suggérons la lecture (ou la relecture) du guide. Mais on serait en droit de se demander si un plan de communication détaillé en cas d’incendie dans une RPA ne serait pas aussi à rédiger…

REFERENCES

(1) Guide pratique. La prévention des incendies et l’évacuation des résidences hébergeant des personnes âgées, gouvernement du Québec, 2008.
http://www.securitepublique.gouv.qc.ca/fileadmin/Documents/securite_incendie/publications/guide_ages/guide_evacuation_aines.pdf

(2) PROULX, G. et J. PINEAU, Revue des stratégies d’évacuation concernant les personnes handicapées, Conseil national de recherches Canada,
http://www.nrc-cnrc.gc.ca/obj/irc/doc/pubs/ir/ir712/ir712F.pdf

 
LA CERTIFICATION : « TOUS POUR UN ET UN POUR TOUS! »
Pierre Tardif

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ette célèbre devise des Trois mousquetaires peut sembler hors de propos quand on parle de certification. Mais, en y regardant de plus près, on peut y trouver quelque enseignement.

Nous prendrons ici pour exemple le cas de Cogir, qui, comme vous le savez, gère de nombreuses RPA.

Vous avez sans doute lu un article récent qui faisait état d’une RPA de Cogir qui n’était pas encore certifiée. Cogir et le gouvernement y était pointés du doigt, la première pour sa négligence et le second pour son laisser-aller… (2)

Ce qui nous intéresse ici, c’est la réplique de Mathieu Duguay, Vice-président exécutif de Cogir, qui écrit que :

Cogir gère 32 résidences dans différentes régions du Québec, dont 21 sont certifiées. Dans la région de Québec et dans l’Est-du-Québec, toutes nos résidences sont certifiées. Sur l’île de Montréal, alors que nos méthodes sont les mêmes qu’ailleurs au Québec, sur 10 résidences, six sont en voie de certification, certaines sont en cours de travaux et d’autres en attente de leur inspection. Évidemment, nous n’avons aucun contrôle sur le calendrier des inspections (1).

Mathieu Duguay soutient que pour toutes les RPA de Cogir, dans le cadre de la certification, « (…) nos méthodes sont les mêmes (…)» (1). La raison du retard dans la certification de certaines d’entre elles doit donc s’expliquer par quelque chose d’autre que la simple négligence…

Dans un autre article, publié celui-là dans Le Pied Carré, il apporte un supplément d’information :

Alors que les critères de sécurité des services contre les incendies s’expriment différemment d’une municipalité à une autre, les critères des Agences, des CSSS et du Ministère de la Santé et de Services sociaux sont de plus en plus élevés. Idem pour la Régie du bâtiment et tous les autres. Il faut s’ajuster à chaque changement, dans chaque municipalité. (3)

De par sa situation au sein de Cogir, Mathieu Duguay possède une vision d’ensemble de la certification au Québec, ce qui n’est pas nécessairement le cas des propriétaires possédant une seule RPA dans une région donnée ou de ceux qui en possèdent plusieurs dans des régions plus ou moins rapprochées.

Vous comprenez maintenant pourquoi on peut citer la devise « une pour toutes ...» en parlant des RPA de Cogir : chaque nouvelle RPA certifiée de Cogir allant rejoindre celles qui sont déjà certifiées...

Cette vision d’ensemble qu’il possède nous semble expliquer pourquoi Mathieu Duguay propose un guichet unique en matière de certification :

Pour l’avenir, écrit-il, nous pensons que la mise sur pied d’un guichet unique faciliterait grandement la coordination des échanges et l’uniformisation des requêtes par les différents intervenants municipaux et gouvernementaux. Nous souhaitons obtenir un seul interlocuteur pour le processus de certification d’une résidence. D’ici là, nous travaillons activement dans le respect des moyens et des méthodes actuels. (1) (3)

Dans les faits, pour toutes les RPA du Québec, avoir un guichet unique ne permettrait-il pas d’accéder à une vision d’ensemble de la situation tout en portant un regard sur chaque RPA en voie de certification ?

REFERENCES

(1) DUGUAY, Mathieu, Cogir fait de son mieux
http://www.cyberpresse.ca/opinions/201107/04/01-4414926-cogir-fait-de-son-mieux.php

(2)LACOURSIERE, Ariane, Plusieurs chances accordées èa une résidence pour aînés non conforme
http://www.cyberpresse.ca/actualites/quebec-canada/sante/201106/20/01-4410804-plusieurs-chances-accordees-a-une-residence-pour-aines-non-conforme.php

(3)LE PIED CARRÉ, Mathieu Duguay de Cogir réplique èa La Presse en rectifiant les faits
http://www.pi2.ca/Contenus/Article/2011/2011-07-04/Mathieu-Duguay-repond-a-La-Presse.aspx


LES VILLES-AMIES DES AÎNÉS ET LES RPA
Pierre Tardif

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eux articles récents portant sur la ville de Trois-Rivières nous révèlent un étrange paradoxe : bien qu’il y ait une population vieillissante de plus en plus considérée, les RPA, elles, ont de plus en plus de difficultés à survivre.

Le premier article parle du Comité Municipalité Amie des Aînés (MADAP) de Trois-Rivières, dont le mandat est de

(…) cerner les besoins des personnes âgées afin de permettre la mise en place de services adéquats pour combler certains besoins des personnes âgées (2)

Le MADAP doit d’ailleurs remettre son rapport au printemps 2012, lequel devrait être très utile pour développer des ressources en fonction des besoins des aînés, notamment en matière de transport, de sécurité, de loisirs, etc.

Du reste, cette démarche nous semble dans l’air. Aux États-Unis, par exemple, des villes comme New-York, Atlanta et Philadelphie tendent de plus en plus à adapter leurs services aux besoins des personnes âgées (1).

Et pourtant, si nous revenons à Trois-Rivières, un autre article récent nous apprend qu’il y a une explosion de l’offre en matière de logement pour aînés et que la situation devrait amener une concurrence accrue non seulement entre les propriétaires de RPA, mais aussi entre les propriétaires de RPA et ceux de d’autres formes d’habitation qui peuvent aussi s’avérer intéressantes pour les aînés, provenant du marché locatif traditionnel et des condos (4).

Bien entendu, les deux articles ne ciblent pas nécessairement la même tranche d’âge : si l’enquête du MADAP s’adresse aux personnes âgées de 65 ans et plus (2), il est plutôt question des personnes âgées de 75 ans et plus dans le second article (1).

Néanmoins, le Guide mondial des villes-amies des aînés produit par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) (3) mentionne divers éléments essentiels aux personnes âgées en quête d’un logement. Et malgré les différences que l’on retrouve d’un pays à l’autre, il y a chez les aînés du monde entier des préoccupations communes, notamment en matière de logements abordables et sécuritaires. Plus particulièrement,

Un large choix de logements possibles dans le quartier, tenant compte de l’évolution des besoins, est considéré comme un élément favorable important pour les personnes âgées. (3) (p.34)

Il est évident que de nombreux besoins des aînés en matière de logement peuvent être comblés par les RPA et particulièrement dans le contexte des villes amies des aînés. Pour le cas de Trois–Rivières, cependant, on parle de 500 nouvelles unités récemment construites (4). Il semble que les promoteurs devront s’armer de patience pour voir toutes ces unités occupées…

 

(1) Lauran Neergaard, Associated Press, Des villes américaines s’adaptent aux besoins des personnes âgées
http://www.cyberpresse.ca/vivre/societe/201107/11/01-4416909-des-villes-americaines-sadaptent-aux-besoins-des-personnes-agees.php
(2) BEAULIEU VEILLEUX, Geneviève, Trois-Rivières ville du papier et… des aînés
http://www.cyberpresse.ca/le-nouvelliste/actualites/201107/27/01-4421274-trois-rivieres-ville-du-papier-et-des-aines.php
(3) Organisation mondiale de la santé, Guide mondial des villes-amies des aînés, Partie 7. Logement, pp. 35-42.
http://www.who.int/ageing/publications/Guide_mondial_des_villes_amies_des_aines.pdf
(4) PLANTE, Louise, Explosion de l’offre de logements pour retraités à Trois-Rivières
http://www.cyberpresse.ca/le-nouvelliste/economie/201107/06/01-4415377-explosion-de-loffre-de-logements-pour-retraites-a-trois-rivieres.php